Les Segways, ce sont ces étonnants deux-roues auto-stabilisés avec un grand manche. Au début des années 2000, ce nouveau concept de mobilité était prometteur. Son inventeur, Dean Kamen, pensait révolutionner la mobilité individuelle. C’était en 2001, il y a 19 ans.
Mais voilà qu’en juillet 2020, l’entreprise Ninebot arrête de les produire. Constat : la trottinette électrique a gagné sur les Segways.
Les Google Glass aussi, j’y ai cru.
Ce sont des lunettes révolutionnaires, qui furent présentées en 2012 par Sergey Brin, le co-fondateur de Google. Il était prévu qu’elles affichent des cartes et d’autres informations de manière interactives.
Ces lunettes étaient équipées d’une caméra intégrée, d’un micro, d’un pavé tactile sur l’une des branches, de mini-écrans. Mais aussi d’un accès internet. Bref, une merveille de technologie.
Il fallait quand même débourser $1499 pour se les procurer. Le concept était séduisant. Mais voilà qu’en 2015, Google arrête le projet. Désormais, Google réserve son projet pour quelques entreprises partenaires triées sur le volet. Rien à voir avec la fougue du projet d’origine.
Et vous savez, je pensais vraiment que Magic Leap allait décoller.
Magic Leap, c’est une société américaine qui voulait démocratiser la « réalité mixte ». Elle a levé plus de 2 milliards de dollars, une somme considérable, auprès d’investisseurs prestigieux tels que Google, Qualcomm ou même le chinois Alibaba.
Elle promettait un monde dans lequel la réalité augmentée deviendrait un grand spectacle permanent. Elle diffusait des vidéos surréalistes vantant une « technologie secrète », qui montraient notamment une baleine géante qui émergeant en plein dans un gymnase.
Mais la sortie des premières lunettes de réalité mixte Magic Leap One a dissipé l’écran de fumée que la firme avait brillamment orchestré : des performances décevantes. Et finalement, les concurrents comme Microsoft HoloLens n’ont rien à envier à Magic Leap.
Début 2020, l’entreprise licencie massivement, près de la moitié de ses effectifs. En mai, son CEO Rony Abovitz annonce quitter l’entreprise. Et celle-ci déclare se tourner désormais vers le marché du B2B, des entreprises. Cela ne vous rappelle pas quelque chose ?
Alors, suis-je trop crédule ? Avec mes 15 ans dans le marketing ? Peut-être trop optimiste ?
En réalité, c’est toujours le marché qui décide.
Et le produit minimum viable (MVP) est toujours un bon test pour connaître l’avenir d’un produit. La seule erreur de certaines entreprises, c’est de sur-vendre le produit minimum viable. C’est ce qu’ont fait Magic Leap et Google. Quant au Segway, il n’a simplement pas trouvé son marché. Il a fallu 19 ans pour en avoir le cœur net.
En tant que marketeur, il faut être suffisamment crédule pour oser mettre son produit (minimum viable) sur le marché et en constater l’évolution. S’il marche, banco. Et si c’est un échec, il faut vite arrêter… et passer à autre chose.